hivernale du 28 fevrier, l’appel du printemps
Soleil, enfin.
Le point de rendez-vous, 8h30, château de Montbrun.
Jo est déjà là, Guy B fait des tourniquets et attend le départ.
François arrive en roue libre, facile comme à son habitude.
Nous partons. Peut-être une à deux minutes avant l'heure.
Cinq kilomètres sans nous en rendre compte. Soudain, coup de téléphone. Je m'arrête. C'est le président Amat.
- Où êtes-vous?
Je lui réponds - au croisement des routes Montbrun - Nailloux et Montgiscard - Saint-Léon.
Silence sur la ligne.
Nous faisons demi-tour et allons à la rencontre de notre ami Guy A. Deux, trois kilomètres, peut-être plus.
Un cycliste sur une machine inhabituelle avance vers nous.
Arc-bouté sur son guidon, semblant lutter contre les éléments (le vent est plein Ouest, pourtant), Guy A arrive.
Ma potence est dévissée, dit-il.
Jo intervient. Impeccable.
Nous repartons.
Le président Amat a repris son vélo qui avait traversé les anciennes colonies est-africaines de l'Empire britannique,
en tenue short kaki et casque colonial, un vélo identique à ceux de l'Armée des Indes.
La chaîne craque tous les cinq mètres, ce qui inquiète Guy. J'admire sa magnifique insouciance.
Il est parti sur un vélo qu'il a remonté lui-même.
Quelle élégante audace, pensé-je, moi qui n'ai jamais remonté un vélo de ma vie.
Avant la petite route vers Gibel, nouvelle intervention de Jo sur la chaîne. Plein succès, comme d'habitude. Toboggan vers Gibel. Avant le pont sur l'autoroute Ariégeoise, chargée en ce samedi ensoleillé, d'après ce que j'observe rapidement, nous tournons à gauche. C'est l'option François. Route minuscule au milieu des prés inondés. Et puis, premier mur. Arrêt brusque du président Amat. Le triple ne passe pas. Réparation par lui-même. Départ à nouveau. Deuxième mur. Guy A grimpe comme aux meilleurs temps de sa splendeur. Son intervention se révèle efficace. Descente douce vers Mazères. Gauche. Direction Gaudies. Deux cyclistes lents à l'horizon, à la perpendiculaire de notre route. Je ralentis, ils me disent quelque chose. Je m'approche, le couple Puttigny… Quelle surprise! Non pas des anciens du club, des très anciens, des oubliés à jamais, enfouis entre Mazères et Saverdun. Les Puttigny avait quitté le club en 1995, ma dernière année de président, la première élection de Chirac, le Paris-Brest-Paris de notre triplette Philippe, Jo et moi, en couverture de Top-Vélo. Un échange avec eux. Beaucoup de temps est passé, beaucoup trop. Plus grand-chose à dire hélas…Je rejoins mes quatre amis devant. Saint-Amadou. Arrêt place Amat. Place sauvegardée, pas encore sous la furie de Daesh et des destructions de Mossoul. Le président Amat y veille, nous dit-il. Ancienne voie ferrée découverte par Xavier. Direction Vals.
Le garde-boue du président Amat tombe par terre. Nouvelle intervention de Jo. Reprise de la route. Vals, Teilhet, et enfin Mirepoix. Rythme soutenu imprimé par François, de retour des championnats du monde de cyclisme sur piste à Saint-Quentin en Yvelines. Mirepoix. Notre café habituel. Mirepoix, c'est l'appel du printemps. Et aujourd'hui, c'est un peu ça. La terrasse est bondée. Les Anglais habituels, des Toulousains de passage, des Ukrainiens en fuite depuis Donetsk. Guy A ne peut s'empêcher de mentionner plutôt des Ukrainiennes, et, va-t-en savoir comment, nous branche sur le procès du Carlton, et l'honneur perdu de Dodo la Saumure. Tour d'horizon habituel de la France de François Hollande, des élections départementales. Guy B élève notre discussion avec une belle référence à Michel Onfray, texte de vérité post-attentats de janvier. Il faut repartir. Nous étions à Mirepoix, c'est donc que la saison a bien commencé. Jo et moi aimons cette route, que certains trouvent fastidieuse. Mais il faut regarder à droite, à gauche. La vue sur Plaigne est très dégagée, la Piège sur la droite est encore désolée. Pas de signes du printemps. Demain peut-être. Gardouch et la piste. Un peu émoussés. Pas beaucoup sans doute.
Guy B a scruté l'horizon, la pluie viendra plus tard. Des promeneurs sur la piste, des cyclistes de week-end en petite villégiature. Il me reste la montée de Péchabou, mon bottom-up habituel et toujours usant. Dès samedi prochain, nous entrons dans le dur. Le 200 de Muret.
Joël