Reconnaissance du 300 sous la pluie de Pieusse
Ce samedi 21 mars, la météo était formelle, ça ne passera pas sans pluie.
Alors il restait à parier sur l'intensité, sur un cache-cache possible avec les averses ou une pluie continue.
François nous avait invités à cette reconnaissance.
Départ 4h00.
François, Guy, Jo et moi.
Route de nuit jusqu'à Gardouch.
Le vent est autan,plus Est que Sud.
La piste est sombre ensuite, pleine de pièges, branches en travers, animaux nocturnes qui sortent du canal pour tenter l'aventure, trous inconnus. Les éclairages des cyclistes balaient la piste, épiant les dangers sournois. Rien ne vient. Nous sortons indemnes à Port-Lauragais.
Tout dort à Mas-Saintes-Puelles, Thérèse est peut-être partie Dieu sait où.
Bram, premier arrêt. Photos à défaut de contrôle.
Le jour est levé, une pluie fine en provenance de la Méditerranée est arrivée, de celles que les experts qualifient de pluies éparses. La ligne droite jusqu'à Villesèquelande, face au vent, avec peu de voitures ce matin, passe bien. Nous attaquons les petites routes du Minervois, quelques cyclistes sont rencontrés, qui nous font parier sur une météo peut-être bienveillante.
Villeneuve-Minervois, kilomètre 103, premier arrêt véritable. Unique café très audois, oublié des progrès de la modernité, campé sur les anciens supporters des clubs de rugby du village.
Quelques habitués sans doute, désœuvrés en ce matin maussade en sont déjà au blanc, à la bière ou au pastis, il n'est que 9 heures. Ils essaient d'engager la conversation.
Nous partons. Descente vers Capendu, le vent d'autan, déjà appelé marin par ici, vient de la gauche.
Les vignes minervoises ne nous protègent pas. En face de nous, la montagne d'Alaric. Montée du Fer à Cheval, quelques épingles faciles et nous allons basculer vers les Corbières.
La pluie s'installe. Camplong d'Aude, village vigneron, est traversé en silence.
Personne sinon un chien qui surveille les entrées et qui nous regarde, goguenard. Camplong d'Aude est annoncé village moderne. Un autre jour sans doute. Il pleut de plus en plus. Un tournant à droite pour rejoindre Lagrasse, et le vent nous devient favorable. Trempés à Lagrasse. Mais café accueillant, il ne reste que 156 km.
Départ à nouveau, premiers kilomètres difficiles vers Servies en Val, et la montée au-dessus des cours d'eau turbulents de la contrée. La descente vent dans le dos, fait oublier la pluie désormais continue.
Saint-Hilaire. Le piège de Saint-Hilaire. À gauche est indiqué Limoux, mais il faut aller à droite vers Pomas et Pieusse. Philippe qui imagina ce parcours dans l'autre sens, avait bien repéré ce piège monstrueux. J'aurais dû attendre Guy qu'un appel du trésorier vint distraire au plus mauvais moment. Nous partons à droite, Guy part à gauche affronter les deux cols de la sous-région, col de Saint-André et col du Bosc.
C'est sa Route du Rhum par gros temps. Guy imagine le pire, perdu entre France et Espagne, abandonné sous la pluie qui continue. Rentrer seul, il ne l'envisage qu'avec effroi.
Le temps est sombre, le plafond est de plus en plus bas. Nous arrivons à Pieusse, village de Joseph Delteil, sa maison, son tombeau. Il y a un mariage aujourd'hui, la mariée est en gris, assortie à la saison. Nous retrouvons Guy, qui dans Limoux, nous a devancés, comme autrefois, sur un 400 de Muret, à Saint-Paul de Fenouillet.
La montée au-dessus de Limoux, vers le point culminant du Razès, se finit dans un nuage.
Puis le vent nous pousse jusqu'à Mirepoix. Dernier arrêt.
Endroit habituel toujours bienveillant avec les cyclistes des jours pluvieux. La route bien connue sera facile, le vent toujours amical. La nuit nous prendra vers Pech-Luna.
Nous arrivons très tard à Castanet. Les flaques d'eau brillent dans les phares des voitures. Ce fut un trop long chemin, mais la délivrance est si agréable. 307 kilomètres.
Joël