BRM 400 où j’ai rêvé Saint Girons

Au départ de la salle Camus nous formons un groupe constitué de, Jo, Joël, 4 montpelliérains, un gersois de St Cricq, un cyclo de l’Union un irlandais et moi. Nous leur proposons de les sortir de Toulouse pour les placer sur la route de Castelsarrasin.

A la sortie de Balma le cyclo de l’Union, sur ses terres, prend la tête  du peloton et nous les laissons partir.

 

A Castelnau d'Estrétefonds Joël décide d'arrêter. Après des adieux émouvants sous les réverbères , Jo et moi continuons orphelins, mais décidés d’aller chercher la cerise. Il est vrai qu’un 400 c’est le « plus » ou c’est le « pire » ça dépend de nous. Ce sera la cerise sur le gâteau si on arrive au bout…on va voir ; pour l’instant tout va bien.  Jo mène l'allure sous un vent contraire. Il est 23h quand on contrôle à l'entrée de Castelsarrasin dans un kebab.  Au même moment arrivent François et Jean Paul partis une heure après nous. On échange quelques mots de circonstance avant de repartir derrière eux.

En sortant  de Castelsarrasin, on croise le couple qui entre pleins phares. On est à peu près tous passés.  

Dans les lignes droites, on aperçoit au loin les feux rouges des montpellierains  mais en bons vieux briscards de la pédale longue on préfère continuer à notre rythme et n’envisager le regroupement que quand les deux régions auront fusionnées ce qui n’est pas pour demain me fait remarquer Jo.

A Beaumont de Lomagne les gendarmes sont mobilisés pour des contrôles d’alcoolémie.  Je réalise que je n’ai pas pas pris mon gilet de sécurité.

En passant prés de la camionnette je me colle à Jo dont le gilet phosphore dans ma lampe comme une luciole. La gendarmette plus préoccupée par la mise en route de son éthylotest  que par le passage impromptu de deux cyclistes nous gratifie d’un signe amical.

 A Solomiac, les gendarmes sont afférés autour de deux véhicules garés sur le bord de la route. Je colle à ma luciole pour rentrer dans le jaune. A l'opposé du spectre, les jeunes dans les voitures émettent dans l'infra-rouge. Je passe incognito à travers ces faisceaux de lumières contradictoires.

A Gimont nous nous arrêtons au rond-point  pour manger un morceau sur le trottoir quand une camionnette de la gendarmerie nous accoste.

Je reconnais la gendarmette endormie sur la banquette arrière; ses collèges assis à l’avant nous demandent ce que nous faisons à vélo la nuit sur les routes  du Gers. J’ai failli répondre  « je ne sais pas » mais Jo me rattrape en se lançant dans des explications détaillés qui (re)eveillent la maréchaussée.

- vous roulez toute la nuit ? Votre éclairage est suffisant?

- Affirmatif réplique jo!

Cette réponse militaire les rassure et détend la conversation.

J'ai senti le vent du gilet.

A Simorre les lampions de la fête se sont éteints ; les derniers fêtards  finissent leurs bières sur les capots des véhicules garés au bord de l’avenue.

Il est cinq heures á Boulogne sur Gesse. Le coq chante quand on sort de la ville ; la chanson de Dutron  serait de circonstance mais ce samedi matin, avec un jour d'avance, c'est plutôt "sombre dimanche " qui est au hit

La route vers  Montrejeau prend des allures de déroute ; Jo m’attend en haut des bosses si bien qu’à St Plancard nous manquons la route de Franquevielle et continuons en direction de la nationale en ramassant  à Loudet deux bosses supplémentaires plus le pompom pour monter à Montrejeau. Il est sept heures sur la place de la mairie quand on est rejoint par Elisabeth et Yvon Chéron. Nous contrôlons à la boulangerie ouverte. On échange quelques mots sur l’utilité de l'inutile pour constater que le moral est dans les chaussettes. Nous reprenons la route derrière Elisabeth et Yvon que nous ne reverrons plus de la journée.

A Ore on tourne en rond. On manque une première fois la route du col des Ares pour redescendre au village et remonter à pied la rampe  de sortie.

En haut du col des Ares il est 9h 30 quand on contrôle à l’auberge du germain. Disciplinés nous rangeons nos vélos dans le parking  à vélo pour faire plaisir au patron. Nous nous installons au soleil sur la terrasse. Le vent léger de NO qui nous accompagne depuis le départ s'apprête à se renforcer. En fin de soirée, dans la vallée de la Lèze, il nous fera payer cher le service.

En bas du col de Buret à la vue du panneau St Girons mon moral remonte d'un cran. Je me jette sur lui comme sur une bouée de sauvetage. Je sais qu'après St Girons ce sera plus facile.

Depuis Montrejeau, j'ai rêvé St Girons là où Yves Simon a rêvé New York. C'est moins sexy mais c'est plus ariègeois.

Sur ma gauche Jo poursuit la route en direction d'Aspet. Il me fait signe de le suivre. Je stoppe? Quoi? Tu ne vas pas briser mon rêve Jo ? A l'examen de la feuille de route je dois convenir de mon erreur et ranger mon rêve au rayon de mes illusions perdues (il est plein).

Quand on entre dans Aspet, le marché commence à se remplir. On s'arrête pour demander la route d'Estadens. Un couple de normands (mais où sont les ariègeois ?) nous renseigne. Dans la longue montée je ressens soudainement une douleur très forte au genou envoyée par mon cotyle pour lui dire que le type au dessus fait le con. Elle va, elle vient et ne me lâche plus. Je gamberge. Je me demande si je vais pouvoir tenir longtemps. J'envisage de redescendre à Aspet pour prendre un taxi pour St Girons.  Jo devant monte comme à son habitude sans a-coups. Il s'éloigne peu à peu. Derrière je rame en remontant le courant vaille que vaille. Un peu avant Estadens la douleur disparait comme elle est venue à un moment où je n'y croyais plus…je l'ai échappé belle! Je retrouve Jo à l'intersection de la route de Castelbiague. Nous sommes en haut du plateau et je pense alors que nous allons pouvoir nous laisser glisser jusqu'à Prat Bonrepos. La route est belle mais pas de cadeau pour les boiteux, on ne glisse pas ici dans l'ariege on pédale madame, notamment dans la bosse de Saleich-Mauvezin où une fois de plus ma douleur se réveille.

Un peu avant l'entrée de St Girons on croise Marcel à vélo qui rentre chez lui par la nationale. On s'arrête, faisons le tour des nouvelles;  Cambrils, René Feuga que nous espérons  revoir en pleine forme.

Nous repartons vers le Mas d'Azil pour le dernier contrôle . Au café nous apprenons que le groupe est à 10 minutes devant nous : c'est peu vraisemblable. D'ailleurs à l'arrivée nous aurons 1h 30 de retard sur eux.

Le vent a forci. Le relief est plat mais le vent de face se charge de nous sécher définitivement.  A St Ybars on ne retrouve même plus la route: c'est dire ? Du coup on file sur Lezat…Il est temps de tuer ce 400 ce sera fait à 19h.

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