Etape 4. Eurodiagonale Dunkerque-Copenhague.

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La nuit, l’ennui nuit

27 juin 2018 Dinklage-Hambourg . Guy Amat- Jackie Cibrario

D’Amat soit qui mal y pense

Cette nuit il y eu du bruit dans les branches de sassafras. Un petit souffle timide comme gêné mais increvable, dont je savais pour le connaitre (non pas le souffle mais le souffleur), qu’il ne tomberait pas en panne d’ici tôt. La nuit fut pour moi courte…très courte. Ce matin 5h je suis dans le coltard. Par expérience je sais qu’une nuit sans sommeil sera une journée de galère.

Pourtant la soirée avait bien commencé et ne laissait en rien présager de la nuit blanche qui me guettait. Le dîner avec des schnitzels accompagnés de délicieuses kartoffel le tout arrosé d’un petit vin allemand de je ne sais plus quoi et le service à la française effectué par les deux serveuses de l’accueil qui venaient alternativement à notre table comme on irait à un spectacle comique pour nous écouter massacrer la langue, nous ravissaient au point que dans un élan romantique dont seul Jackie a le secret il lança à la serveuse : « mademoiselle vous avez une belle langue ». Ce à quoi l’intéressée répondit : « monsieur ! che fous en prie bas de vamiliarité entre nous »,

Dinklage, aurait valu un peu plus d’attention de ma part, mais ce matin malgré le soleil qui se lève, il fait encore noir dans ma tête et je me colle dans la roue de Jackie sans lever les yeux. Il en sera ainsi jusqu’au soir 20h, heure à laquelle je franchirai la porte de l’hôtel à Hambourg, la tête haute mais le cœur bas. Quinze heures sur le vélo, tiré par ce pauvre Jackie qui me portera sur ses épaules, comme Jésus la croix et qui passera la nuit dans la salle de bain pour expugner sa faute. C’est homme-là aurait mérité qu’on le canonisât où mieux encore que l’on taguât son nom sur la colonne vendôme au-dessus de celui de Macron pour avoir sacrifié ses illusions sur l’hôtel de mon gilet jaune.

En sortant de Dinklage nous prenons les bandes cyclables des « départementales » les plus directes en direction de Brême via Vechta.  La navigation est plus simple que celle des étapes précédentes où nous avions choisis de passer par des circuits touristiques hors des grands axes routiers ; ici nous traçons au plus droit : Dinklage-Hambourg à la règle ! Nous sommes en Basse Saxe, quelques petites bosses ici ou là (un peu plus de 1000m de dénivelé pour 190km environ) viennent rompre la monotonie des longues pistes plates qui dans l’intervalle m’offrent l’avantage de pouvoir somnoler à l’aise, peinard en attendant des jours meilleurs.

Juste avant de pénétrer dans Brême, le trafic s’envole sur la piste près de Heiligenrode.  Il est 10h et Heiligenrode s’éveille mais moi j’ai toujours sommeil.  Qu’importe, Jackie ouvre la route en chantant Dutronc, rien de mieux qu’un bon classique pour se tenir éveillé.  Mais si j’ai traversé sans les voir les vertes plaines du Bassin du Weser, ce dont je suis sûr est d’avoir aperçu entre deux clignotements de paupières le pont sur le fleuve à l’entrée de Brême

 

 

Nous passons par le centre du centre de Brême. Toujours avec le même souci d’aller au plus court, d’aller au plus vite si j’osais dire afin d’éviter le contournement de la ville qui nous conduirait dans des faubourgs perdus. Brême est une ville (un land même) de la taille de Toulouse et le choix de la traverser plein centre était un pari risqué qui au final s’avérera gagnant.

La circulation est fluide, passons devant la gare, sautons sur les trottoirs quand le tramway rouge menace ; que du mouron de pinson pour des cyclistes lyonnais et toulousain fût-il ce dernier endormi.

En passant, Jackie s’arrête dans un parc, au pied du moulin pour humer l’odeur des jonquilles. Je me réveille dans les fleurs. Tu penches donc tu es me dit Jackie qui n’en rate pas une.

 

 

 

 

 

 

 

 

120 km à proximité de Zeven.  Avant de descente vers l’estuaire de l’Elbe

 

Pays des villes hanséatiques.

Bexsehude et Blagnac sont jumelées.

 Airbus n’est plus très loin. Jackie se gonfle pour décoller

 

J’espérais rouler au bord de l’Elbe mais nous ne verrons jamais le fleuve caché derrière la digue engazonnée qui longe la route jusqu’aux ateliers d’Airbus.

 

On contourne l’aéroport d’Airbus- Finkenwerder (le Saint Marin du Touch de chez nous) pour décrocher enfin le bac (à notre âge il était temps ; c’est ma maman qui va être contente me dit Jackie)

 

De l’autre cote c’est la ville, toute en hauteur au-dessus du fleuve, un régal pour bien finir la journée.  Après moult hésitations nous tombons près du « park du peuple », sur un hôtel pas populaire du tout à 159€ la nuit. On se rabat illico sur un BB situé au-dessus de Sankt Pauli où les vitrines scintillent mais, le grand jacques m’avait prévenu, ce soir nous ne boirons pas à la santé des putains d’Hambourg ou d’ailleurs. Ce soir on est cramé on dînera dans une pizzeria éteinte au fond d’une impasse et Jackie dormira dans la salle de bain du BB.

 

 

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