Randonnée de Bram : 22 avril 2017
Veille du premier tour des élections présidentielles. Le cyclo-club de Bram organise une magnifique randonnée en Montagne Noire. Un samedi. Une aubaine pour nous.
130 km sont prévus avec 2000 mètres de dénivelé.
Et si on y allait en vélo, pour ajouter quelque chose, pour aussi avoir le plaisir de revenir après les montées, les descentes, les paysages, les points de vue panoramiques. Il faut donc prévoir 270 km, 70 à l’aller, 70 au retour.
Randonnée de Bram 2017 : les parcours proposés
J’ai bien sollicité tous les long-courriers du club et des environs, mais seul François était disponible. Nous partirons donc à deux.
Départ 5h00.
La 113 en bas de Péchabou est déserte et silencieuse. Nuit noire. Nous roulons au milieu direction Ayguesvives. La portion jusqu’à Gardouch est avalée sans bruit, sans croiser âme qui vive, les bêtes nocturnes doivent être intriguées par ces deux cyclistes illuminés comme des arbres de Noël et nous épient sans doute.
A Gardouch, un peu avant 6h00, la boulangerie est déjà ouverte. Elle est toujours ouverte. Je me souviens, naguère, une vieille femme était assise devant cette boulangerie dès l’aube et nous disait toujours 'Vous allez vous mouiller.'
La portion de piste entre Gardouch et Port-Lauragais est traversée à deux ou trois reprises par des ragondins qui prennent la fuite dès notre arrivée. La lueur plein Est commence à apparaître, quel bonheur le jour qui vient, le soleil sera là à Mas Saintes-Puelles, chez notre amie Thérèse, absente désormais de nos arrêts.
Baraigne, la transversale vers Laurabuc, rien à signaler, il fait jour, toujours tout droit, à gauche avant Villasavary, et approche tranquille de Bram.
Nous croisons quelques cyclistes puisque la randonnée part en sens inverse de notre arrivée vers Villepinte et Saint-Papoul.
Nous nous inscrivons à Bram, un café, un gâteau, et remis à neuf nous prenons le départ avec nos 70 km au compteur.
A Saint-Papoul commencent les difficultés. La montée en ligne droite ne m’est pas agréable, elle semble déjà interminable. Heureusement au bout, là-haut, on tourne à gauche.
Dans la montée vers les Cammazes
Le premier mur vers Verdun-Lauragais est en face, le vent d’autan est à droite, François est devant, facile, et le soleil est magnifique.
Deuxième mur après Verdun. Deux villages ou hameaux à l’ancienne dans les parages, Jean-Raymond et le Bout du Monde. Le Bout du Monde est un restaurant tenu par des patrons mystérieux dont la légende dit qu’ils viennent du Grand Nord canadien ou de la Terre de Feu. Je ne l’ai jamais su. Ce restaurant est repéré par les meilleurs guides et a beaucoup d’avis sur TripAdvisor.
Au bout du Monde, ou pas loin
J’en suis là de mes réflexions quand je m’aperçois que François doit être loin devant. Encore quelques efforts et c’est l’arrivée au contrôle des Cammazes. Le ravitaillement est très convenable, très soigné, très bien situé au milieu de grands jardins.
Le départ est ensuite en descente vers Saint-Ferréol. Nous voyons le lac de très loin, il est à nouveau rempli, prêt pour les saisons printanière et estivale. Saint-Ferréol est une station de vacances qui doit être prospère vu le nombre de restaurants, je ne sais pas qui vient en villégiature, des jeunes, des vieux, des petits, des grands, peu importe.
Sorèze.
Et remontée à nouveau, direction Arfons. Dix kilomètres d’une montée facile. D’autres cyclistes sont éparpillés dans la montée, je prends mon temps.
Dans la montée vers le Champ de Rabat, à la sortie de Sorèze
Quand je verrai les sapins, ce sera fini. D’ici là à travers les trous de la forêt, je vois la plaine du Lauragais finissant.
En haut, François et moi choisissons l’option longue, descente vers Dourgne, pour remonter ensuite le petit pas du Sant, par opposition au grand pas du Sant, qui démarre à Escoussens.
Dans la descente vers Dourgne
A Dourgne, l’unique boulangerie offre peu de choix, c’est samedi nous dit la très plantureuse boulangère, j’ai peu de choses. Dont acte, aurait dit un huissier vétilleux. Direction le café, unique café sans doute, sur la place principale, en face du monument aux Morts, il est tellement solennel celui-ci qu’il a dû faire l’objets de trafics d’influence (l’époustouflant Au revoir là-haut de Pierre Lemaître).
Nous commandons deux boissons et deux sandwiches. Deux sandwiches ? relève la jeune serveuse, une demi-heure d’attente, répond-elle à la volée. Nous répétons la demande, rien n’y fait. Le motif est obscur, manque de personnel, bas salaires sans prime d’intéressement, crise agricole, et sans doute difficultés européennes. Mais demain c’est sûr, l’élection va régler ce problème. Sur les panneaux je vois les onze candidats du lendemain. Sont-ils venus à Dourgne ? Les résultats du lendemain donneront à Dourgne trois candidats dans un mouchoir et dans cet ordre, Fillon, Macron et Le Pen. Lassalle fera plus de 4%. De lui serait sans doute venu notre salut pour un sandwich.
Direction Massaguel et tranquille montée vers les forêts et Arfons.
Dans la montée du 'petit' Pas du Sant
A Arfons nous prenons à gauche vers Lacombe pour nous enfoncer un peu plus dans la Montagne Noire, La Galaube, Lacombe, Saint-Denis. Nous contournons la prise d’Alzeau, qui au dix-septième siècle, avec la Rigole, aida grandement Riquet.
Arfons vu d'en haut
En direction de Lacombe, lieu-dit 'La Sarotte'
Un restaurant y est installé, tenu par un couple alsacien, revenu de sept années de braconnage en Thaïlande et au Japon. Le restaurant aussi est repéré par les guides, bien que noyé dans la forêt. Je suis intrigué pendant toute la descente vers Saint-Denis, car chaque chemin à droite indique Prise d’Alzeau. Avant Saint-Denis, nous rencontrons un âne, pas vraiment pacifique, car lorsque François s’approche de lui, il semble vouloir en découdre.
Cadichon, l'ane retif aux photos
A Saint-Denis, rien. Du vent, une rue principale déserte, sinon un enfant qui, sans entrain, joue au ballon.
Nous filons vers Montolieu, mais obliquons à droite vers l ‘abbaye de Villelongue et Raissac sur Lampy.
François fait plusieurs photos, le paysage lui fait penser à la Toscane, des cyprès, le vert des prés, le jaune au loin des champs de colza.
L'abbaye de Villelongue
François fait plusieurs photos, le paysage lui fait penser à la Toscane, des cyprès, le vert des prés, le jaune au loin des champs de colza.
Vers les Corbières depuis le lieu-dit 'Rocreuse'
Quelques bosses terminales et c’est le retour à Bram. 200 km au compteur.
Les organisateurs nous attendent, nous ne nous attardons pas. Il est presque 17h00, il faut partir.
Vent d’autan dans le dos. 35 km de plaisir jusqu’à Port-Lauragais. A Mas Saintes-Puelles, le café est toujours fermé, sans doute l’ubérisation promise a-t-elle cantonné les habitants dans une peur séculaire. Le lendemain Le Pen explosera les compteurs ici. Filons.
Port-Lauragais. Arrêt facile. Tout pour les cyclistes, salé, sucré, boissons, café, sièges, vue au soleil. Tout. Et même des affiches d’un artiste photographe. François me fait remarquer l’annonce de l’authentique cassoulet du Lauragais (Registered Trademark). Dans cette commune, Macron explosera les compteurs le lendemain.
Reprise de la piste. Facile. Même si le vent s’est mis à l’Ouest.
Des promeneurs, des flâneurs, des causeurs, et nous arrivons sans encombre. François aura plus de 280 km au compteur.
Je monte ma bosse de Péchabou en véritable facteur.
J’arrive presque à l’heure, on voit encore le soleil à l’Ouest.